Lutter contre la privatisation des établissements d’enseignement supérieurs, l’augmentation des frais de scolarité et limiter les partenariats aux organismes réellement engagés dans la transition socio-écologique.
Les récentes politiques liées à l’enseignement supérieur1 ont entraîné un désengagement des pouvoirs publics pour le budget alloué par étudiant·e de l’enseignement supérieur2. Ces politiques nous semblent nuisibles à une transition rapide des établissements.
En effet, ce désengagement pousse les établissements à réduire leurs coûts, au prix d’une baisse de la qualité et de la quantité d’outils et des services, d’une entrave à la possibilité d’investir dans la formation des enseignant·e·s-chercheur·euse·s (mesure 4) et dans la mise aux normes du matériel et des locaux, et contraint la création et la réflexion intellectuelle3.
L’autre solution est de trouver des financements à travers le développement d’activités marchandes, dans des modalités souvent opaques : ressources propres issues de la recherche, recours à davantage d’apprentissage ou de formation continue, ou apports d’investisseurs privés. Ce rapprochementd’intérêts privés et d’enjeux d’image remet en cause les fondements de l’enseignement supérieur. Il multiplie les conflits d’intérêt, éloigne les établissements de leur raison d’être de transmission des savoirs et des compétences, et met en concurrence les établissements pour bénéficier des financements privés : les établissements les plus prestigieux auront tendance à plus en bénéficier financièrement.
Pour les écoles, cette recherche de financements entraîne l’augmentation des frais de scolarité, et restreint encore davantage l’accès à l’enseignement supérieur aux plus aisés4.
En conséquence, nous recommandons de :
a. Militer en tant qu’établissement et via les organismes représentatifs (CGE, FU…) pour :
- Augmenter les financements publics par étudiant·e de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
- Ne plus aiguiller de financement public vers des établissements privés non EESPIG5 ;
b. Rendre le financement des établissements plus transparent :
- Limiter les financements externes aux fondations reconnues d’utilité publique (FRUP) et aux associations. Une attention particulière doit être accordée aux structures locales pour favoriser le lien avec les territoires et l’économie sociale et solidaire ;
- Pour les financements ne permettant pas le passage par les fondations ou les associations (certains appels à projets, financements de recherche et la taxe d’apprentissage), se doter d’une charte éthique pour refuser le financement d’organisations condamnées pour crimes graves ou n’ayant pas de stratégies bas-carbone et socio-écologique ambitieuse ;
- Publier tous les ans un bilan des ressources (organismes et mécanismes de financement) et de leur usage (avec un suivi des dépenses utiles à la transition écologique).
Ces mesures ne suppriment pas les relations financières ou académiques avec les entreprises, mais les restreignent soit à un cadre de formation ou de recherche (apprentissage, formation continue, contrats de recherche…), soit à un cadre transparent dédié à l’intérêt général et limitant les conflits d’intérêt.soutenue par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche6
Références:
- *Dont notamment la loi LRU - loi relative aux libertés et responsabilités des universités (2007) et la LPR - loi de programmation pour la recherche (2020)
- Cf. l’édition 2022 de l’Etat de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en France publié par le ministère
- Cf. le rapport « Les universités à l’horizon 2030 : plus de libertés, plus de responsabilités » de la Cour des comptes (octobre 2021)
- Cf. la tribune « Méritocratie scolaire : la grande illusion » publiée dans State par Sophie Audoubert (no-vembre 2022)
- EESPIG : établissement d’enseignement supérieur privé reconnu d’intérêt général
- Cf. annonces de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (voir « Ressources complémentaires »)
Se référer à l’article 6 du livret blanc de la COP2 étudiante pour accéder à plus d’informations sur les mesures suivantes:
- Évaluer la pertinence socio-écologique de ses partenariats
- Diversifier ses partenariats
- Accompagner les étudiant.es dans leur recherche de stage et d’emploi, en intégrant des enjeux sociaux et environnementaux
- Accompagner les étudiant.es dans leur recherche de stage et d’emploi, via une cartographie des entreprises et associations engagées
- Favoriser les échanges et les projets étudiants pour accompagner les employeurs dans leur transition
- Intégrer un critère Transition au moment des stages et dans le carnet de compétences
- Développer les formats de chaires partenariales
- Créer des fiches métiers et un catalogue des métiers de la transition écologique
- Développer un indicateur chiffré du nombre d’ancien.nes étudiant.es œuvrant pour les transitions dans leur métier
- Mettre en place des ateliers Linkedin
- Prix de l’entreprenariat RSE